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L’HERBIER DE LA FLORE VASCULAIRE DE LA RÉUNION DU CONSERVATOIRE BOTANIQUE NATIONAL DE MASCARIN

Plus récent que l’Herbier Universitaire de la Réunion (créé dans les années 1960 sous l’impulsion du botaniste Thérésien CADET et disposant aujourd’hui d’environ 9000 planches référencées regroupant 2000 taxons de la flore vasculaire), l’herbier du Conservatoire Botanique National de Mascarin a vu le jour en 2002. Il renferme cependant une importante source de données qui ne cesse d’être complétée grâce aux diverses missions de terrain du CBNM et dont l’utilisation dans la description des espèces par les botanistes de la Réunion est quasi quotidienne. Encore non référencé au niveau de l’Index herbariorum et ne disposant d’aucun financement spécifique, l’herbier du CBNM constitue pour le moment un herbier de travail tout à fait en adéquation avec les missions de connaissance et de conservation de la flore et des habitats développées par le CBNM et fortement lié à la réalisation et à la réactualisation de l’Index de la Flore Vasculaire de la Réunion. Cet herbier est également ouvert sur demande au public (professionnel et naturalistes) qui souhaite consulter nos diverses planches montées.

Les différentes étapes

De façon tout à fait classique, l’herbier du CBNM se constitue selon différentes étapes.

1/ La collecte des échantillons végétaux in situ

Les botanistes du CBNM procèdent à la collecte du matériel végétal à herboriser au cours des diverses missions de terrain qui leur sont attribuées. Le matériel végétal peut être récolté pour diverses raisons : taxon dont la détermination est incertaine (voire inconnue) sur le terrain et qui nécessitera d’être déterminé à l’aide de flores de référence ; taxon absent de l’herbier du CBNM ; taxon déjà présent dans l’herbier mais présent sur une nouvelle localité ou présentant des caractères intéressants (fleurs, fruits, etc.)…

Il est important de prévoir au minimum le matériel suivant : sachets plastiques de collecte ou presse de terrain, étiquettes d’herbier ou carnet de notes, GPS et altimètre, couteau ou sécateur…

Lors de la phase de collecte, il est fondamental de respecter quelques règles de base :

  • ne pas collecter un taxon lorsque sa population est réduite à quelques individus,
  • collecter un échantillon informatif (présence de fleurs et / ou de fruits, organes entiers…) et représentatif de l’espèce,
  • pratiquer éventuellement des réplicats de collecte,
  • prendre des notes à propos des informations nécessaires au remplissage de l’étiquette d’herbier (nom du taxon, collecteur, date, commune, localité, coordonnées GPS et altitude, habitat…) ainsi que des notes relatives à la morphologie et à l’écologie du taxon in situ (couleur des organes, taille, comportement…).

Chaque échantillon collecté doit pouvoir être précisément associé à son étiquette une fois de retour au laboratoire.

herbier oct2010 thumb 005Echantillon (Juncus sp.) collecté en vue de sa détermination et accompagné de son étiquette de collecte.

2/ Le séchage des échantillons collectés

Puis vient la phase de séchage qui conditionne la qualité de présentation des planches d’herbier et leur durée de vie.

Dans un premier temps, chaque échantillon, et l’étiquette qui lui est associé, sont délicatement étalés sur une feuille de papier absorbant (qui une fois pliée a un format A3), elle même disposée dans une feuille de papier journal.

Ces feuillets contenant les échantillons doivent alors être pressés et séchés. Au CBNM, nous avons fabriqué une caisse de séchage en contreplaqué. Il s’agit d’un tunnel de 130 cm de long, 53 cm de large et de 70 cm de haut. A une extrémité, un ventilateur est orienté vers les échantillons à sécher. Les feuillets contenant les échantillons sont disposés à l’autre extrémité et ils sont pressés grâce à du poids posé dessus. Un tel système permet une ventilation efficace et continue des échantillons à sécher, ce qui évite tout risque de moisissure de ces derniers sans avoir à renouveler les papiers absorbants et les journaux.

Pour un échantillon classique (pas trop gorgé en eau, pas trop épais), il faut compter environ une semaine de séchage.

 

herbier oct2010 thumb 007 Vue globale de la caisse de séchage

herbier oct2010 thumb 008Vue du ventilateur de la caisse de séchage

herbier oct2010 thumb 009Vue de l'intérieur de la caisse de séchage

3/ Le montage des planches séchées et de leurs étiquettes

Une fois l’échantillon séché, il faut procéder à la phase de montage. Ce travail, particulièrement minutieux, consiste à disposer l’échantillon sur du papier de montage spécialement conçu pour des planches d’herbier (poids de 250 g/m², format de 21,2 x 41,9 cm, teinte claire, pH neutre). L’opérateur va alors disposer délicatement l’échantillon séché sur la planche de montage de façon à ce que celui-ci s’inscrive bien dans les dimensions maximales du papier et qu’il soit le plus étalé possible (éviter que des organes se superposent…). L’échantillon sera alors fixé sur la planche grâce à de petites bandes de scotch spécialement conçues pour ce type de travail. Dans le cas de gros échantillons, il conviendra alors de les séparer en plusieurs morceaux et de les monter sur autant de papiers qu’il sera nécessaire.

Puis, il est nécessaire d’associer l’étiquette contenant les informations relatives au taxon et à sa collecte sur le papier de montage. Une fois les données de terrain révisées voire complétées, l’étiquette est saisie sous format numérique, imprimée et apposée systématiquement en bas à droite du papier de montage.

Ensuite, chaque planche montée est protégée à l’aide d’une chemise ‘espèce’ constituée d’un papier de 80 g/m² et de format 41,9 x 58,4 cm plié en deux dans le sens de sa largeur.

Enfin, dans le cas où un taxon est représenté par différentes collectes (réplicats), l’ensemble des papiers de montage et des chemises ‘espèce’ sont eux-mêmes protégés par une chemise ‘genre’ constituée par du papier de 170 g/m² et de format 41,9 x 58,4 cm plié en deux dans le sens de sa largeur.

herbier oct2010 thumb 011Détail d’une étiquette d’herbier (Begonia diadema

 

herbier oct2010 thumb 012Scan d’un échantillon de Begonia diadema et de son étiquette montés en une planche d’herbier

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herbier oct2010 thumb 014Scans d’un échantillon de fougère (Pseudophegopteris cruciata) de grande taille monté sur deux planches d’herbier (partie basale à gauche et partie apicale à droite)

L’ensemble des planches d’herbier ainsi constituées sont alors abritées dans un local conditionné (température maîtrisée par un système de climatisation) afin d’éviter au mieux tout pourrissement, attaques fongiques et ravages causés par la microfaune. D’ailleurs, une fois par an, cette pièce est traitée à l’aide de fumigateurs et les planches présentant des signes d’attaque sont placées quelques jours dans un congélateur à froid sec.

Les planches d’herbier du CBNM sont rangées sur des étagères métalliques adaptées à la dimension des planches et classées par famille botanique.
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Vue de l’intérieur du local d’herbier du CBNM

herbier oct2010 thumb 006Vue du classement des planches d’herbier par famille botanique (Myrsinaceae)